Vampires par Barbara Lux

Vampires lu par Barbara Lux (postface.fr)

Comme je ne suis malheureusement pas écrivain et que l’on ne m’a jamais demandé de lire un manuscrit, je ne savais pas vraiment ce qu’était un roman inachevé … mis à part qu’il n’est pas achevé !
Voilà comment j’ai découvert, au détour du dernier roman de Thierry Jonquet, que les adjectifs « inachevé » et « inabouti » n’avaient pas la même signification.
Thierry Jonquet a commencé à écrire Vampires, il a envoyé les pages à son éditeur et puis il est mort, brutalement, le 9 août 2009. Il nous a laissé un roman inachevé mais très loin d’être inabouti, du très grand Jonquet, encore, mais pour la dernière fois.
Au moment de me plonger dans Vampires, je m’attendais stupidement à lire des bribes d’histoire, à découvrir des personnages non façonnés, a me poser des questions qui n’auraient jamais de réponses, mais c’était sans compter sur cet incroyable conteur qu’était Thierry Jonquet.
Difficile donc de se lancer corps et âme dans un polar dont on ne connaîtra jamais la fin, mais qu’importe, il s’agit du dernier roman de cet auteur que j’aime tant, que j’aimais tant … non, que j’aime tant.

Je découvre alors avec une curiosité un peu angoissante la famille Radescu, une famille de vampires qui vit au coeur du quartier de Belleville, dans un immense manoir dissimulé aux yeux des passants, au fond d’une allée… pavée de curieux personnages. Une famille de vampires qui ne supporte plus l’éternité, qui veut sortir de cette existence vouée à un éternel recommencement, réintégrer la communauté des vivants ! Tiens, et pourquoi pas ?

Pour qui a déjà lu Jonquet et qui connaît son attention toute particulière à ancrer ses histoires dans la réalité, il est assez déconcertant de se retrouver dans un univers presque fantastique, je dis fantastique parce que personnellement je ne crois pas aux vampires … ou bien je ne veux pas y croire !
Mais finalement, qu’y a t-il de si irréel à parler d’une famille qui vit la nuit et non le jour, qui n’a pas la même espérance de vie, qui ne s’habille pas comme les autres, qui ne se nourrit pas des mêmes choses ? Vampires aurait tout aussi bien pu s’appeler « Roumains » ou « Africains » ou « Arabes », mais ça aurait été trop simple.
L’exclusion, l’intégration, la différence, autant de thèmes chers à Thierry Jonquet et qu’il a toujours magnifiquement honorés. Il nous le prouve encore avec son dernier roman. Une métaphore sublime sur notre voisin, si différent par ses origines, son passé, sa culture et ses croyances, et pourtant si semblable par des origines, un passé, une culture et des croyances. Ce voisin que nous côtoyons quotidiennement et qui n’aspire qu’à une seul chose : s’intégrer, nous ressembler, se fondre.

Je ne connaîtrai jamais la fin de l’histoire de Petre Radescu, tant pis, ou plutôt tant mieux : « mieux vaut un désir inassouvi qu’un plaisir assoupi », écrit son éditeur en ouverture du livre. Et puis, j’aime à penser que Thierry Jonquet l’avait déjà imaginée et que pour son personnage, au moins, elle était douce et heureuse !

Barbara Lux
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